Potamanthus luteus : une belle mouche jaune !

31/08/2020

 

Ce bel éphémère de couleur jaune que l'on peut rencontrer durant les belles après-midi d'automne ou les chaudes soirées d'été fait partie de la famille des Potamanthidés; il est parfois confondu avec les "sulfures" (Heptagenia sulfurea).

 

Description :

Les dessins de forme triangulaire brun roux de la face dorsale de l'abdomen ainsi que les paires de points bruns visibles en face latérale de l'abdomen et les taches brunes sur les pattes sont caractéristiques de l'espèce.

L'insecte possède 3 cerques (2 cerques chez les heptagénidés).

La couleur des ailes et celle de l'ensemble de l'insecte en vol est d'un jaune franc mais moins soufre que celui des "sulfures".

Le subimago femelle capturé sur le Salat en amont de la prise d'eau du canal de St Lizier le 21/08/2020 ne possédait que 2 cerques (absence du troisième cerque  ou paracerque : accident de capture  ou anomalie de développement ?)

 

Dessins caractéristiques pour l'identification (Relevés J.L Sanson - Août 2020)

 

 

Subimago (capturé le 09/09/2020 sur le Salat)

                                                     

                                                                       NYMPHE

 

Description :

 

- Couleur : crème/jaune pâle avec des dessins bruns ou gris bruns

 

- Taille : 13 mm / 14 mm

 

- Branchies bifides munies de cils : 6 paires

 

(habituellement 7 paires chez les héptagénidés)

 

Biologie :

 

La larve herbivore se nourrit de débris de végétaux, de microphytes (algues) ainsi que parfois de macrophytes vivants. Elle est fouisseuse, rampante ou nageuse (fonction : broyeur/racleur/filtreur).

 

Exigence sur la qualité de l'eau : sur une échelle de tolérance aux eaux de mauvaise qualité qui s'étend de 0 à 10 , les potamanthidés sont classés avec la référence i = 4.

 

 

 

 

La nymphe au fil : l'avenir de la pêche à la mouche ?

25/07/2017

Je  n'ai pas souvent l'occasion de rencontrer des pêcheurs qui ont l'intelligence et le bon goût d'être un peu à l'écoute. Mais lorsque c'est le cas, et cela m'arrive de temps en temps, c'est avec un grand plaisir que j'essaye de partager ma passion et que je donne quelques conseils que je pense utiles. Pour moi c'est toujours une grande satisfaction de faire prendre un poisson en sèche ou en nymphe à vue, surtout si le pêcheur est un débutant.

J'apprends aussi beaucoup en faisant faire... Parfois plus qu'en faisant moi-même. Ce week-end, en observant un moucheur en action, j'ai pu remarqué que tant qu'il pratiquait en sèche, les poissons restaient actifs. Il y avait au moins deux beaux poissons et deux ou trois plus petits actifs en surface. Des poissons très pêchés en sèches, déjà certainement piqués et qui sont devenus très méfiants et sélectifs mais qui, avec un peu de métier, restent prenables... J'ai vérifié, le lendemain !  Un des jolis poissons piqué grâce à un de mes conseil mais pas seulement, il y a eu aussi l'écoute et l'adresse du pêcheur, nous laissera le souvenir d'un bon moment de plaisir partagé. Un confrère qui serait venu prendre la place laissée libre dans la soirée aurait eu, lui aussi, son moment de plaisir en s'attaquant à ces quelques gobages. Mais, après un passage en nymphe au fil, d'ailleurs guère plus fructueux que la sèche, tous les poissons qui avaient occupé le moucheur et sa compagne pendant une bonne partie de l'après-midi ont été calés en moins d'un quart d'heure. Et ils le sont restés certainement durant toute la fin de journée. Il en est souvent ainsi. Après des compétitions j'ai remarqué qu'il fallait au moins une ou deux semaines avant que les poissons redeviennent actifs en surface, sur les secteurs où ils avaient été matraqués à la nymphe.

Certes dans de nombreux secteurs de nos rivières, les insectes disparaissent, et les poissons aussi, Comment peut-il en être autrement ? Les aléas climatiques liés aux modifications du climat et aggravés par l'action de l'homme toujours en recherche de profits causent des dommages de plus en plus irréversibles. Et on voudrait que la nature se refasse seule... Quelle hérésie !

En cherchant à s'adapter à des conditions dégradées et souvent par manque de patience, on finit par détruire ce qui reste de la vraie pêche à la mouche et des fabuleuses sensations qu'elle peut procurer.

Les savoirs se perdent.

Le "puriste", une espèce en voie de disparition,  qui sait trop bien se fondre discrètement dans son environnement et en tirer partie tout en le respectant, un vrai "sportsman", passe pour un couillon ! Et si c'est un ancien comme moi, il ne lui reste plus qu'à pêcher... Dans ses souvenirs !... Ou à laisser de côté ses convictions… Ce qui est bien  triste !

Le business a remplacé l'éthique qui faisait appel au bon sens et à la qualité. Les marchands de matériel et les guides de pêche font leur beurre avec la pêche à la nymphe au fil, les néophytes prennent quelques poissons, les spécialistes "cartonnent", les Fédérations vendent des cartes : tout le monde est content !... Mais pour combien de temps ?... «  Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse ».

Alors, la nymphe au fil, l'avenir de la pêche ?

Dans le contexte actuel de gestion de notre patrimoine halieutique, c'est, à mon avis, juste une manière de prendre un peu plus d'élan pour mieux se précipiter dans le vide !

Pêche à la "frisque"... Pêche à la "flisque"... Et tenkara

06/01/2015

 

Peu attiré par la pêche à la mouche de compétition, trop conditionnée par l’obligation de résultat au dépend de l’art et de la manière, je reste toutefois attentif aux évolutions techniques qu’amène cette pratique et je suis très curieux de tout ce qui est innovant… A condition, bien entendu, que cela le soit réellement ! Mon esprit critique me pousse donc à gratter le vernis lorsque je découvre de nouvelles choses… Comme tout le monde le sait, tout ce qui brille n’est pas de l’or !

 

Un pêcheur de compétition rencontré cet été au bord de l’eau m’a parlé d’une pêche révolutionnaire et d’une efficacité inégalable : «  la pêche à la frisque ». Avec cette technique, les adeptes qui font du chiffre, comme ils disent, lancent généralement à une distance de 10 à 15 mètres en amont ou en travers deux nymphes de type « perdigon », une en pointe et une autre quelques dizaines de centimètre au-dessus… On ne pêche plus sous la canne avec de lourdes « nymphes » plombées, comme dans la pêche à la roulette ou dans la technique tchèque ; c’est une pêche plus subtile et plus proche de la « nymphe » à vue  mais cela reste de la « nymphe » plombée en aveugle… Donc au toc ! On ratisse méthodiquement tous les postes susceptibles d’abriter un poisson. Les pêcheurs espagnols ont même pris l’habitude de supprimer la soie pour la remplacer par un mono-filament ultravisible de 14% ou 16%. En pêchant comme au toc, surtout au moment où les larves et les nymphes se mettent en mouvement, c’est-à-dire durant les mouvements d’eau ou pendant les périodes qui précèdent ou qui suivent les éclosions, le procédé est très productif sur des eaux agitées… En période de faible activité des insectes, les imitations qui sont censées représenter les larves, les nymphes ou des insectes noyés du moment deviennent inefficaces ; seuls les leurres qui jouent sur le caractère purement téléonomique des poissons restent attractifs ; le mouvement (animation du leurre) et certaines couleurs, plus précisément des quantités de lumière dans des domaines énergétiques bien particuliers, déclenchent l’attaque sans que le déclencheur puisse être associé à une nourriture présente ou recherchée. La pêche devient alors un simple jeu d’adresse et de hasard. 

 

Dans tous les cas, l’action n’est autre qu’une sorte de pêche au « bikini », un mode de pêche pourtant interdit par la réglementation française en 1ère catégorie.

 

Bref, si l’on veut bien passer sur ce détail qui vis-à-vis de l’éthique est loin d’en être un, on peut se poser la question, pourquoi avoir dénommé ce type de pêche « pêche à la frisque » ?

 

En français, le mot frisque signifie gai, pimpant, joyeux, plein de vivacité. Je suis un pinailleur, c’est certain, mais je voudrais bien comprendre ce que le mot « frisque » apporte à la caractérisation de cette nouvelle pêche à la mode. D’abord quand on y regarde de près, on s’aperçoit qu’il n’est pas facile de lancer, à une certaine distance et avec un long et fin bas de ligne, une ou deux « nymphes » plombées, même si elles sont de petite taille. Il est encore moins facile de les placer juste où il faut, de les faire dériver correctement sans perdre le contact et surtout de détecter les touches. Seuls, ceux qui ont du matériel bien adapté et une certaine pratique obtiennent des résultats qui sont parfois surprenants. Prendre en quantité des poissons que le commun des mortels ne sait pas ou ne peut pas leurrer avec les méthodes traditionnelles… C’est cela qui est si rigolo ? Je n’ose pas y croire ! Alors, ce mot a-t-il été choisi pour faire allusion à la cadence rapide d’un geste habile et à la réactivité nécessaire pour détecter des touches souvent imperceptibles ? Ou bien s’agit-il simplement d’une déformation du nom donné à une technique de pêche bien connus des anciens, la  pêche à la « flisque », un mode de pêche très similaire ? Si je m’en tiens aux propos tenus sur le Net par un compétiteur de D1 qui semble maîtriser parfaitement cette technique, je pencherais pour cette dernière supposition.

 

C’est en se plongeant dans l’occitan et en particulier dans le patois gascon que l’on trouve le sens du mot « flisque » ; le « flisc » ou « flisca » signifie claquement ; le verbe « fliscar » qui veut dire claquer se conjugue au subjonctif présent « el flisque » (qu’il claque).  La pêche à la « flisque », comme un bon nombre d’expressions occitanes, est une définition parfaitement imagée du geste que réalise le pêcheur à la mouche actionnant son fouet* ; un fouet qu’il claque pour sécher et tendre sa ligne, ce qui a pour effet d’assurer une bonne flottabilité de la ligne tout en lui fournissant l’énergie cinétique nécessaire et utile pour qu’elle puise s’étendre vers l’avant dans un geste d’accompagnement tout en finesse et en précision.

 

Un vieux monsieur qui n’est plus de ce monde depuis une vingtaine d’années m’avait parlé d’un pêcheur gitan qu’il avait vu à l’œuvre dans sa jeunesse, il y a donc bien longtemps, sur les rives de la Garonne, quelque part entre Marmande et Langon. Ce gitan que les gens du pays surnommaient « La Flisque » parce qu’il pratiquait avec une dextérité presque magique une pêche proche de celle qu’ils connaissaient bien, la pêche à la volante. Cette pêche rustique qui permettait, à l’aide d’un long bambou et d’une simple ligne eschée d’une sauterelle, d’un grillon ou d’une mouche de cuisine, de prendre à vue des chevesnes (cabots), des vandoises (sièges) ou des ablettes, «La Flisque » la pratiquait, de manière inédite pour l’époque et la région, avec une canne à mouche (un fouet) et des mouches artificielles. En lançant  à la « flisque » et à courte distance des mouches faites entre les doigts, la « pallareta » jaune cerclée de noir et la noire à cul rouge montée avec une plume de pintade, ses préférées, il prenait indifféremment les « cabots » qu’il repérait en surface ou entre deux eaux et ceux qu’il devinait sur les postes de chasse.

 

Si on remplace les mouches sèches ou noyées du gitan « La Flisque » par des « nymphes » plombées et si on remonte la rivière en attaquant méthodiquement en amont ou en travers tous les postes des parties courantes comme le faisaient de nombreux pêcheurs gitans, catalans et autres (mouche piquée, mouche glissée ou noyée), on peut dire que l’on pratique cette fameuse technique nommée aujourd’hui par les compétiteurs « pêche à la frisque »… Même si on n’en maîtrise pas toutes les subtilités !

 

Est-ce cette petite variante qui consiste à remplacer des sèches ou des noyées plus ou moins lourdes par des « nymphes » lestées avec des billes de tungstène qui serait à l’origine de la mutation du mot « Flisque » en « Frisque » ?... Cela serait bien peu de choses pour parler de nouveauté !

 

A mon avis, ce que l’on peut considérer comme véritablement moderne, c’est l’arrivée sur le marché de cannes de 10’ à 11’ très légères possédant une action particulièrement adaptée, du matériel bien plus performant mais aussi et bien plus onéreux et bien plus fragile que celui qu’utilisaient les anciens ! Cette évolution technologique qui allège trop facilement la carte bleue mais réduit avec bonheur la fatigue liée aux nombreux lancés qu’exige cette pêche, permet de lancer et de diriger avec précision et discrétion les « nymphes » tout en permettant une excellente réactivité au moindre indice de touche.

 

En conséquence, si l’on préfère parler de pêche à la « frisque » simplement pour se démarquer un peu de la pêche à la « flisque» tout en lui donnant un caractère de modernité, cela me paraît bien inutile et sans fondement sur le plan étymologique… Si c’est pour laisser croire que l’on a inventé quelque chose, je trouve que c’est bien prétentieux !... Et si c'est une erreur, disons de "frappe", il serait logique de corriger le tir !

 

Quoi qu'il en soit, pour moi qui reste un passionné de la pêche à deux mouches amont, même si, très occasionnellement et plus par curiosité que par soucis de rendement, je remplace mes tandems sèche (noyée)/noyée ou sèche (noyée)/nymphe par un tandem « perdigon »/« perdigon », je continuerai de penser que je pêche à la « flisque »… Avec du matériel moderne mais avec une technique qui n’est qu’une appropriation et une adaptation évolutive, selon mes moyens et mes goûts, d’un savoir ancien... Tout cela sans perdre de vue l’idée que l’héritage du passé doit être reconnu et préservé. Et lorsque, au hasard des rencontres au bord de l’eau, un confrère plus curieux que les autres me posera la question : « à quoi pêchez-vous ? », comme d’habitude, je répondrai simplement et en toute honnêteté : « à la mouche ! ».

 

 

*Autrefois, cet équipement, rustique mais très efficace entre des mains expertes, était constitué généralement d’un simple bambou noir ou d’un roseau flexible mesurant 3 mètres ou plus. Il se prolongeait par une tresse et un bas de ligne généralement en crin de cheval sur lequel étaient fixées une ou deux mouches. Léonce de Boisset dans « Les mouches du pêcheur de truites», nous raconte comment les pêcheurs de la basse rivière d’Ain prenaient, avec les fameuses "mouchettes de l’Ain" dont les plus réputées étaient celles de J.Roussiller, des quantités d’ombre. Montées en nombre (parfois par 9 à 12) sur des bas de ligne en crin japonais ou en crin de cheval et lancées à l’aide d’un grand fouet, (6 à 7 mètres), les mouches dérivaient sur de courtes distances en travers des courants. Ne possédant aucun moulinet ni réserve de ligne, les poissons étaient ramenés rapidement et en force. Plus tard la tresse de coton ou de soie graissée et le nylon ont fait évoluer cet outil et son utilisation. Aujourd’hui, avec le carbone haut module, on a remis au goût du jour cette pêche à la « flisque » très ancienne pratiquée autrefois sur de nombreuses rivières de France, d’Espagne… Et de bien d’autres pays… Et pour lui donner un intérêt commercial plus que pour effectuer un véritable retour aux sources, on lui a donné le nom exotique de TENKARA !

Fabrication des "soies"

21/12/2014

 

Dans mon livre, la méthode de construction de l'abaque qui permet de déterminer la longueur des éléments du fuseau de la "soie" est une méthode très simplifiée. Choisie pour des raisons de vulgarisation, cette méthode donne des résultats convenables mais elle s'écarte très nettement de la théorie de base.

Pour la construction des "soies", je rappelle que j'applique la théorie des "bas de ligne mathématiques" développée par Jean-Louis Pelletier; une théorie qui joue sur deux paramètres, la raideur et la répartition des masses.

En première approche, je respecte la contrainte sur les raideurs qui exige que le rapport de raideur entre deux éléments consécutifs du fuseau soit constant. Dans mon livre, je me suis limité au calcul de ce rapport pour les brins de coton utiles. Mais en réalité, c'est le rapport de raideur entre deux éléments consécutifs du fuseau de la ligne apprêtée qui doit être pris en compte.

Par conséquent, j'ai mesuré le diamètre le plus gros et celui de la pointe de la ligne apprêtée et, par interpolation, j'en ai déduis les diamètres des différents tronçons de la "soie" finie. Ensuite, j'ai calculé les rapports de raideur. Ces rapports bien que différents de ceux calculés pour le coton seul restent pratiquement constants, pour un modèle de ligne.

La méthode simplifiée n'a donc que peu d'incidence sur la contrainte des raideurs.

Par contre, pour ce qui concerne la bonne répartition des masses je m'en suis tenu, dans mon livre, à celle qui met en jeu les masses du coton ... Et c'est là que la théorie prend du plomb dans l'aile ! ... Même si les résultats obtenus avec cette grossière approximation restent acceptables.

Dans une démarche plus rigoureuse, j'ai calculé les masses unitaires de chaque élément du fuseau apprêté, des valeurs qui dépendent du type de backing utilisé. C'est avec ces valeurs portées sur l'axe vertical de l'abaque que je détermine les longueurs des éléments du fuseau pour les "soies" que je fabrique.

         Photo : Pierre Cadiran
Photo : Pierre Cadiran